L’Institut CDG s’interroge sur les impacts de la crise sanitaire sur l’industrie de l’énergie lors d’un webinaire organisé le Mardi 3 novembre
Dans le cadre du cycle de conférences « Regards vers le futur », édition 2020, l’Institut CDG a organisé le mardi 03 novembre un webinaire sous le thème : L’EPIDEMIE DU CORONAVIRUS BOULEVERSERA-T-ELLE L’INDUSTRIE DE L’ENERGIE ?
La crise actuelle n’épargne pas le secteur de l’énergie qui comme de nombreux secteurs connait des perturbations importantes du fait des restrictions sanitaires imposées dans de nombreux pays. Pour mieux comprendre les impacts sur le secteur clé de l’énergie et les développements futurs, l’Institut CDG a réuni quatre experts afin d’apporter les éclairages sur les effets de la crise sanitaire sur les secteurs pétroliers et gaziers, ainsi que sur les énergies renouvelables :
- Amina BENKHADRA, Directrice Générale, Office National des Hydrocarbures et des Mines et ancienne Ministre de l'Énergie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement (2007-2012)
- Christian NGÔ, Directeur Edmonium Conseil, ex membre du Commissariat à l’Energie Atomique
- Said MOULINE, Directeur Général, Agence Marocaine pour l’Efficacité Energétique
- Badr IKKEN, Directeur Général, Institut de Recherche en Energie Solaire et Energies Renouvelables
« L’énergie est le carburant du développement économique et de la vie [...] y avoir accès est essentiel à la stabilité sociale », c’est par ces mots synthétiques que Christian Ngô a mis en perspective les enjeux fondamentaux de la question énergétique. C’est d’ailleurs une des raisons qui justifie la lenteur du développement économique pour les pays ayant un accès difficile à l’énergie.
A la question énergétique s’attachent d’autres objectifs liés aux émissions de CO2, à la création d’emplois et à l’acceptation sociale des sources d’énergie développées.
Le caractère systémique de la crise sanitaire liée au COVID-19 a mis en évidence la fragilité du monde actuel. Pour Amina Benkhadra, les conséquences des perturbations économiques actuelles sont multiples : « Aujourd’hui, la crise sanitaire a fait prendre conscience de plusieurs faits : une incertitude croissante sur la demande future du pétrole et du gaz et sur la volatilité des prix; une attractivité croissante des solutions durables dans les énergies renouvelables et la nécessaire évolution des modes de consommation et de production ».
La réaction à ce contexte exigera de tous les acteurs, économiques et institutionnels, beaucoup d’agilité pour saisir les opportunités de reconstruction d’un modèle plus résilient.
A l’heure actuelle, les répercussions sur le secteur de l’énergie sont significatives, voire très fortes, selon les différents sous- secteurs. En effet, selon Amina Benkhadra, « le monde observe aujourd’hui plusieurs tendances liées aux impacts de la crise sur le secteur de l’énergie : baisse de la demande de 5% en 2020 (9% pour le pétrole, 8% pour le charbon, de 3 à 5 % pour le gaz naturel, 2% pour l’électricité, seule la demande en énergie renouvelable va augmenter de 1% à peu près), baisse des prix des hydrocarbures qui engendre une baisse des investissements (-18% sur 2020) »
Ainsi, le mix énergétique futur dépendra des volontés et des déterminations des politiques publiques et des plans de relance qui seront adoptés au niveau mondial.
Selon Said Mouline, les instances internationales sont toutes unanimes : les plans de relance post-covid doivent être orientés vers l’économie verte. L’orientation verte a démarré il y a quelques années déjà dans le secteur énergétique, avec la baisse du coût de production dans le secteur des énergies renouvelables. « Aujourd’hui, la façon la moins chère de produire de l’électricité dans le monde, c’est avec le solaire et l’éolien (...) nous sommes dans des prix extrêmement bas, c’est ce qui fait la grande révolution », poursuit Said Mouline.
Par ailleurs, le secteur des énergies renouvelables à des impacts indéniables, économiques sous forme de baisses des coûts de production, mais également sociaux à travers la création de nouveaux emplois. Le secteur offre aujourd’hui des opportunités importantes, aussi bien pour les grands investisseurs que pour les porteurs de projets plus modestes. En effet, l’un des grands avantages de ce secteur est sa décentralisation, qui permet l’installation de grandes centrales ou de petites installations locales (pompes solaires, toits solaires, etc.).
Selon les intervenants, de nouvelles sources d’énergie sont désormais privilégiées, en témoignent les initiatives étatiques, d’abord en Chine et plus récemment en Allemagne, pour le développement de l’énergie à base d’hydrogène vert. Le Maroc dispose de plusieurs atouts pour développer sa production d’énergie à base d’hydrogène vert et de ses dérivés.
Selon Badr Ikken, cette dernière contribuera vraiment à démocratiser encore plus l’accès à l’énergie. « L’impact du changement climatique ainsi que la crise sanitaire que nous traversons nous a rappelé que nous partageons la même planète et qu’il est primordial de développer une économie verte et inclusive pour la protéger. La vision clairvoyante de Sa Majesté le Roi, la baisse des coûts des énergies renouvelables et l’abondance de gisements d’énergies renouvelables permettront au Maroc de devenir un exportateur d’hydrogène vert et de combustibles synthétiques ».
Le Maroc, de par sa position géographique, peut jouer un rôle important dans le secteur énergétique. Il a été rappelé que le Maroc a, en 2009, mis en place une stratégie énergétique nationale qui s’appuie sur la diversification des sources d’approvisionnement et l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans la consommation électrique nationale. Le Maroc, en ces temps de crise, doit consolider ses acquis et poursuivre sa transition pour une croissance plus verte. « Le Maroc, sous la conduite éclairée de Sa Majesté, a fait des choix de développement durable et a aujourd’hui 10 ans d’acquis; nous allons poursuivre cette trajectoire surtout que les technologies continuent d’avancer et leurs prix continuent de baisser. Le Maroc a véritablement un potentiel extrêmement important important en solaire et en éolien sur l’ensemble du territoire. La programmation va s’accélérer pour les productions d’énergie verte; l’industrie va s’engager dans une dynamique progressive et le transport devra prendre également la voie de cette évolution », a déclaré Amina Benkhadra.
En clôture du débat, tous les intervenants se sont rejoints sur l’importance de la sensibilisation du grand public, notamment les jeunes, les exploitants agricoles, les opérateurs industriels, en soutien aux efforts déployés en matière de transition énergétique et de décarbonation de l’économie. A ce titre, l’AMEE mène plusieurs actions de communication et de sensibilisation selon des méthodes adaptées et divers outils au profit de différents intervenants à travers l’organisation et la participation à des événements de promotion et de sensibilisation du grand public, des professionnels et des acteurs spécialisés et la diffusion et la publication d’informations techniques ou promotionnelles de sensibilisation et de communication au profit des acteurs privés ou institutionnels par l’utilisation de différents supports de communication.
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